Un parfum de miel et d’amande : aux origines du nougat
Qui n’a jamais craqué pour une bouchée de nougat tendre en flânant sur un marché de Provence ou en déambulant dans une ruelle pavée du sud de l’Ardèche ? Cet irrésistible mélange d’amandes, de miel et de blanc d’œuf s’invite aussi bien dans les souvenirs de vacances que dans les petits plaisirs sucrés partagés autour d’un café sous la tonnelle.
Le nougat, on le croit provençal, et pourtant… Il tisse ses racines bien plus loin, entre les rives de la Méditerranée et les routes des épices. Déjà, dans la Rome antique et la Perse ancienne, on préparait des douceurs au miel et aux fruits secs. Mais c’est en France, à Montélimar — aux portes de la Drôme provençale — que le nougat a trouvé son écrin.
Impossible de traverser cette jolie ville sans croiser une boutique aux vitrines alléchantes, où le nougat se décline en barres, en cubes, tendre ou dur, parfois même parfumé à la lavande ou à la figue. Une tradition locale devenue un art, transmis de génération en génération par des artisans passionnés.
Les secrets bien gardés de sa fabrication
La recette du nougat pourrait sembler simple : du miel, du sucre, des blancs d’œufs battus en neige, et une poignée d’amandes grillées… Mais c’est précieusement que les nougatiers gardent leurs méthodes, tant chaque geste, chaque degré de cuisson, chaque temps de macération a son importance.
Tout commence par le miel — et si possible, un miel local, de lavande ou de garrigue, qui insuffle au nougat ce parfum si particulier du Midi. On le chauffe doucement jusqu’à ce qu’il devienne fluide et chatoyant, sans jamais le brûler.
Viennent ensuite les blancs d’œufs, montés en neige, que l’on incorpore au miel chaud dans un grand chaudron. C’est là que la magie opère : la pâte commence à prendre, gonfle, s’aère, comme une promesse de douceur. Puis arrive le sucre cuit à part, plus chaud, pour donner de la tenue à l’ensemble.
Enfin, c’est l’heure d’ajouter les amandes et/ou les pistaches torréfiées. Et pas n’importe comment ! Elles sont ajoutées à la fin, lorsqu’elles sont encore tièdes, pour éviter de refroidir trop brusquement la pâte. On mélange, on travaille à la main ou à la spatule en bois, puis on coule le tout dans des moules tapissés de pain azyme.
Le nougat repose ensuite plusieurs heures, voire une nuit, avant d’être découpé. C’est un travail d’orfèvre où chaque étape exige précision… et patience.
Nougat de Montélimar, mais aussi d’Ardèche
Bien sûr, Montélimar demeure la capitale historique du nougat en France. Certaines maisons comme Arnaud Soubeyran ou La Petite Fabrique y perpétuent la tradition dans des ateliers que l’on peut visiter – et je vous le recommande vivement, surtout si vous avez des enfants. L’odeur qui flotte dans l’air est déjà une gourmandise en soi.
Mais saviez-vous que l’Ardèche aussi possède ses petits secrets nougatiers ? Dans les villages accrochés aux monts ou nichés au creux de vallées luxuriantes, des producteurs passionnés revisitent le nougat avec des saveurs locales. J’ai par exemple un doux souvenir d’un nougat à la châtaigne goûté sur un marché de Joyeuse — une surprise fondante et parfumée qui m’a instantanément ramenée à mon enfance.
Plus au nord, à Lamastre ou à Antraigues-sur-Volane, d’autres artisans proposent des variations gourmandes mariant myrtille, noisette, ou même confit de figue. À chaque fois, le lien avec le terroir est évident — et c’est ce qui rend chaque bouchée unique.
Des idées cadeaux 100 % artisanales et locales
Offrir du nougat, c’est offrir un morceau de soleil, un parfum de vacances, un souvenir tendre et sucré. Et quand il est fabriqué localement avec des ingrédients du coin, c’est encore mieux !
Voici quelques idées pour glisser un peu d’Ardèche et de Drôme dans vos paniers gourmands :
- Des sachets de nougat assorti : tendre, dur, traditional ou revisité. Parfait pour faire découvrir plusieurs textures.
- Un coffret artisanal : souvent présent en boutique, these beaux écrins en bois ou en métal sont parfaits comme cadeau de remerciement ou souvenir de vacances.
- Nougat maison à faire soi-même : certaines boutiques vendent des kits ou des ingrédients pour tenter l’aventure à la maison. Une belle idée pour les gourmands qui aiment aussi mettre la main à la pâte.
- Des mariages originaux : essayez le nougat avec un verre de vin doux naturel local (comme un Muscat de Beaumes-de-Venise), ou encore accompagné d’une compotée de châtaignes maison. Une alliance étonnante et raffinée !
Personnellement, j’aime glisser dans mes valises une petite boîte de nougats tendres aux noisettes ou à la lavande. Elle fait toujours mouche lorsqu’on est invité, ou simplement pour prolonger la magie du séjour de retour à la maison.
Petites adresses coup de cœur à découvrir
Parce que vous me demandez souvent mes bonnes adresses, voici quelques haltes que j’ai testées (parfois plusieurs fois !) et que je vous recommande chaudement :
- Maison Chabert & Guillot – Montélimar : une institution locale depuis 1848. Un très beau magasin d’usine avec dégustations et visites guidées.
- Nougat Le Chaudron d’Or – Montélimar : petite maison familiale avec des recettes traditionnelles et un savoir-faire exemplaire. On peut voir les artisans à l’œuvre derrière une grande baie vitrée.
- Douceurs d’Ardèche – Joyeuse : des nougats artisanaux qui se déclinent autour de produits du terroir : myrtille sauvage, châtaigne, kumquat !
- Le Coeur du Nougat – Alba-la-Romaine : une toute petite boutique chaleureuse tenue par un couple d’artisans qui fabriquent tout sur place. Leurs nougats sont sans colorant et sans conservateur.
Et souvent, le plus délicieux, c’est celui que l’on découvre par hasard, sur un marché de producteurs ou dans une fête de village.
Envie de vous lancer ? Une recette simple à essayer à la maison
Pour les plus aventureux (et gourmands !) parmi vous, voici une recette de base pour nougat tendre. Parfaite pour se faire plaisir ou offrir à ses proches :
- Ingrédients : 250 g de miel (lavande si possible), 100 g de sucre, 1 blanc d’œuf, 150 g d’amandes entières légèrement torréfiées, 1 feuille de pain azyme.
- Préparation :
– Montez le blanc d’œuf en neige ferme.
– Dans une casserole, faites chauffer le miel à feu doux à 130°C sans le brûler.
– Ajoutez le miel chaud en filet dans les blancs en neige tout en battant doucement.
– Faites ensuite chauffer le sucre avec 2 cuillères à soupe d’eau jusqu’à 145°C et versez-le aussi en filet.
– Continuez à battre jusqu’à ce que la pâte soit un peu ferme (environ 5 minutes).
– Incorporez les amandes et mélangez délicatement.
– Étalez la pâte sur une feuille de pain azyme dans un moule rectangulaire. Recouvrez d’une autre feuille.
– Laissez reposer au frais pendant 12 heures avant de découper en morceaux.
Un conseil : ne le gardez pas trop longtemps… il a tendance à disparaître bien plus vite qu’on ne le pense !
Un petit bonheur à partager
Au fond, le nougat, c’est bien plus qu’une friandise. C’est une invitation à la lenteur, au partage, à savourer chaque instant. Qu’il soit tendre ou croustillant, classique ou audacieux, il raconte quelque chose de notre terroir, de nos savoir-faire et de ces petits bonheurs simples qu’on aime tant retrouver en vacances.
Alors la prochaine fois que vous parcourez les routes vallonnées de l’Ardèche ou les plateaux ensoleillés de la Drôme, ouvrez l’œil… et la bouche. Le nougat n’est jamais bien loin, prêt à fondre sous la langue et à laisser, le temps d’un instant, un doux goût d’enfance et de liberté.