Le nougat de Montélimar : un parfum d’enfance et d’histoire
Ah, le nougat de Montélimar… Rien que d’y penser, j’entends presque les guêpes tournoyer autour du miel et des amandes. C’est un souvenir sucré, craquant et fondant à la fois, qui rappelle les marchés d’été, les sachets cachés dans la boîte à gants lors d’un retour de vacances, ou encore ce petit artisan rencontré un jour de mistral, au détour d’une ruelle drômoise.
Dans cet article, je vous emmène découvrir les secrets de cette spécialité emblématique. Parce que derrière ses éclats nacrés, il y a une histoire, des savoir-faire, des passionnés et, bien sûr, des adresses gourmandes à explorer si vous passez par Montélimar et ses environs.
Une douceur millénaire au goût de Méditerranée
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le nougat ne vient pas uniquement de Montélimar. Ses origines se perdent dans la Méditerranée antique, entre le Moyen-Orient et les bords de la Méditerranée où le miel, les noisettes et les fruits secs se mariaient déjà avec bonheur.
Mais c’est bien à Montélimar, entre les collines de la Drôme Provençale et la fraîcheur du Rhône, que cette confiserie a tracé sa route en France dès le XVIIe siècle. À l’époque, les dragées étaient encore reines, et le nougat, avec son élégante robe blanche, représentait une alternative raffinée, élaborée à base de miel local, d’amandes, de sucre et de blancs d’œufs bouillonnés lentement dans de vastes chaudrons de cuivre. Une poésie de patience et de précision.
Le véritable tournant arrive au XIXe siècle, lorsque Montélimar commence à en faire une production à part entière, estampillée de qualité. Des maîtres nougatiers s’installent, raffinent les recettes, et le nougat devient rapidement un incontournable des haltes le long de la Nationale 7, cette fameuse route des vacances qui reliait Paris à la Méditerranée.
Le vrai nougat de Montélimar : blanc ou noir ?
Si le nougat blanc, moelleux, est celui qu’on connaît le mieux, il existe aussi un nougat noir, plus rare – et plus corsé – réalisé sans blancs d’œufs, uniquement avec des amandes caramélisées au miel. Une recette typiquement provençale à découvrir si vous aimez les saveurs intenses.
Mais pour bénéficier de l’appellation « Nougat de Montélimar », certaines règles strictes s’appliquent : au minimum 30 % d’amandes (ou 28 % d’amandes + 2 % de pistaches) et 25 % de miel. Pas de fantaisie excessive, pas de chocolat ou d’arômes exotiques. Le nougat de Montélimar respecte la tradition, tout en laissant un peu de place à la créativité dans sa présentation ou son conditionnement.
Et honnêtement, un bon nougat n’a pas besoin d’artifices. Il se laisse savourer tout doucement, avec peut-être un thé noir ou une infusion de lavande, quelque part sur une terrasse baignée de soleil.
Une visite nougatée à Montélimar
Si vous passez par Montélimar, impossible de ne pas au moins lever le nez en direction des confiseries qui bordent les routes ou décorent les vitrines du centre-ville. Ici, le nougat n’est pas juste un produit – c’est une carte postale vivante, une tradition portée par des artisans passionnés.
Je vous glisse ici quelques adresses que j’ai testées – certaines lors de visites organisées, d’autres simplement au hasard d’une flânerie.
- La Maison Arnaud Soubeyran : Un incontournable ! Fondée en 1837, cette maison historique propose un musée du nougat très bien fait (et délicieux à visiter…). On peut y observer les chaudrons en cuivre, écouter les anecdotes des confiseurs, puis savourer quelques spécialités dans la boutique. Ambiance rétro garantie.
- Nougat Diane de Poytiers : Une belle maison artisanale, plus confidentielle, qui privilégie les circuits courts pour ses ingrédients. On y trouve un nougat particulièrement fondant, avec ce petit goût de miel de lavande qui évoque les collines autour du village de La Garde-Adhémar.
- Le Chaudron d’Or : Une autre adresse de qualité, où l’on peut assister à la fabrication en direct. Idéal pour les familles avec enfants curieux (et gourmands). La boutique regorge de petits formats parfaits pour offrir… ou cacher dans un sac à dos !
- L’artisanat itinérant : Ne négligez pas les marchés locaux (Dieulefit, Nyons, Grignan…) où quelques artisans viennent vendre leur nougat à la coupe. Parfois, le meilleur se déguste au coin d’un étal, sur un bout de papier…
Comment savourer (et conserver) son nougat ?
À moins de le finir très vite (et je ne vous jugerai pas), il est bon de savoir que le nougat de Montélimar se conserve à l’abri de la lumière, dans un endroit frais (mais pas au frigo !). Un placard, un bocal en verre hermétique, ou une jolie boîte en métal feront parfaitement l’affaire.
Pour la dégustation, chacun son rituel. Moi, j’aime en couper une petite tranche, la mâcher lentement, faire durer le craquant de l’amande et la texture fondante. En randonnée, c’est une pause sucrée formidable ; en camping, il accompagne à merveille une veillée au coin du feu.
Et pour les créatifs en cuisine, sachez qu’il se marie divinement dans certains desserts : émietté en topping sur une glace à la vanille, glissé dans une mousse au chocolat, ou même dans un cake maison. Un petit éclat de Drôme dans chaque bouchée.
Autour de Montélimar : balades et douceurs
Ce qui est merveilleux avec cette région, c’est qu’on peut facilement combiner gourmandises et nature. Après avoir visité quelques confiseries, pourquoi ne pas partir sac au dos du côté du Rochefort-en-Valdaine ou de la forêt de Marsanne ? Ces coins-là sont encore préservés, peu fréquentés, et offrent des sentiers doux, parsemés d’herbes sèches et de lavandes sauvages.
Vous pouvez aussi faire un détour par Le Poët-Laval, un village perché magnifique, classé parmi les plus beaux de France. Déambulez dans ses ruelles silencieuses, entre les vieilles pierres et les volets pastels, puis accordez-vous une petite pause à l’ombre pour partager quelques morceaux… de nougat, bien sûr !
À ramener dans sa valise (ou son panier de pique-nique)
- Un assortiment de nougats blancs, noirs, tendres, durs : pour goûter toutes les variations.
- Une boîte souvenir décorée d’anciennes affiches de Montélimar : typiquement rétro.
- Un pot de miel de lavande ou de garrigue, produit localement, pour prolonger le plaisir à la maison.
- Un livret de recettes à base de nougat, souvent offert dans les boutiques.
Et surtout, ce que je recommande chaudement : ramener avec vous un peu de cette légèreté que procure la région, ce temps ralenti, ces gestes anciens qui donnent du goût aux choses. Ce n’est pas que du sucre, le nougat. C’est le fruit d’un terroir, le travail d’hommes et de femmes qui respectent la nature et la tradition.
Une douceur qui traverse les âges
Le nougat de Montélimar n’a pas changé. Ou si peu. Et c’est sans doute ça, sa magie. Dans un monde qui va vite, qui transforme tout à la chaîne, il reste ce petit carré tendre ou croquant qu’on prend le temps de déguster, souvent en silence. Un luxe simple, accessible, mais précieux.
Si vous êtes de passage entre Ardèche et Drôme, ne manquez pas cette halte sucrée. Offrez-vous une dégustation, une visite, une rencontre. Et peut-être, en rentrant, découvrirez-vous que ce nougat fait un peu plus que fondre dans la bouche : il garde quelque chose des vacances, un éclat de soleil sur la langue.
Et vous, quel est votre plus beau souvenir avec un morceau de nougat ?